Vacances en Espagne : le dimanche 6 mai 2018
En quittant le désert de Bardenas, lors de notre premier voyage, en 2007, nous nous étions promis de revenir, et voilà c'est chose faite ! Le dépaysement, c’est le sentiment qui caractérise le mieux ce désert, et c’est ce que nous voulions. Être transporté dans cet endroit lunaire, à l’allure semblable aux pampas d'Amérique du Sud.
De hauts plateaux perchés au sommet de falaises, aux couches multicolores, des canyons, ayant laissé les témoins d'une érosion sans merci, des étendues désertes d'argiles craquelées où règne le vent, des buissons de branches sèches, des vautours qui volent en tournoyant, mettent la dernière touche à ce décor de western.
Non, ce n'est pas le Colorado, les déserts mythiques de l'Ouest américain, c'est la zone de la Blanca Baja, dans le désert de Bardenas. Je vous ai réservé, pour la fin, les plus belles photos de ce décor, idylique et fascinant, à la beauté sauvage !
C’est un des paysages les plus insolites de l'Europe, à 70 kms au sud des Pyrénées. Très vite en traversant, ce désert, nous avons le sentiment de traverser un bout d'Afrique. Il constitue le deuxième désert européen, après celui de Tabernas, situé en Andalousie. Moins austère que l’andalou, notre désert navarrais se distingue par l’incroyable profusion de ses paysages d’érosion, répartis sur 42 500 hectares de superficie.
Le printemps, comme au mois de mai, où nous y sommes allés, est la période idéale pour parcourir les pistes du désert. En plein été, la dernière fois, nous avions eu jusqu'à 45°, au soleil, sans un arbre pour nous abriter.
On a assisté, en cette saison du printemps, à un éveil somptueux de la nature. Les plaines et les collines se couvrent de verdure et de nombreuses variétés de fleurs apparaissent comme par enchantement. Cette terre se montre alors incroyablement fertile, parfois même à seulement quelques centaines de mètres de l’aride désert navarrais.
Le printemps est aussi propice à la reproduction et aux naissances animales, la faune se montre donc moins farouche, et il est fréquent de croiser, ici et là, quelques renards, sangliers, lièvres, blaireaux et autres habitants des lieux. En levant les yeux vers le ciel, il est possible de découvrir une multitude d'espèces d'oiseaux, et de rapaces.
Malheureusement, la sécheresse persistante que connait le désert des Bardenas, depuis quelques années, surtout en période estivale, a contraint les responsables du Parc Naturel, à construire en 2016, des kilomètres de pipeline, connectés directement aux abreuvoirs des districts depuis le grand lac d’el Ferial, pour assurer l'approvisionnement en eau du bétail ovin. Ces pipelines ont été enfuis sous terre afin de conserver l’aspect esthétique naturel et sauvage des Bardenas.
Je tenais à vous parler, plus en détail d'une tradition, ancestrale, qui date du moyen âge : Chaque année, le 18 septembre, des brebis voyagent jusqu’aux Bardenas Reales, soit plus de 180 km, à pied, pendant une semaine, où verront le jour des milliers d’agneau à la chaire si tendre.
Ces brebis, venues des vallées pyrénéennes de Roncal et Salazar, viennent de passer près de six mois dans les estives.Trois heures après l’arrivée des premiers troupeaux, dans le désert de Bardenas, la mélodie des sonnailles s’évapore peu à peu. Ne restent que ces taches blanches mouvantes, au loin, qui suivent fidèlement deux âmes égarées : le berger et son chien.
Ces brebis vont maintenant, brouter, dans le désert de Bardenas, jusqu’au mois de mai, preuve qu’il n’y a pas que du sable à déguster dans ce désert poussiéreux.
Les bêtes se nourrissent sur les champs récoltés par les agriculteurs locaux. Elles commencent par le nord, dans les "Bardenas negras" avec le blé et finissent la saison au sud, dans les "Bardenas blancas" avec la luzerne. Leur traversée du désert va durer 6 mois. La remontée vers les sommets pyrénéens se fait au mois de mai.
Les bergers des Bardenas vivent dans des conditions très précaires. Ils sont seuls au monde, une vraie vie de moine ! Mais cette tradition est en train de disparaître peu à peu, malheureusement, au profit des cultures, plus rentables.
Abris de berger près de Castildeterra.
On comprend pourquoi. Qui voudrait vivre six mois de l'année, dans la montagne et enchaîner, les six autres mois, de l'année, en plein désert, et seul au monde ?
Abris de berger.
Il faut remonter jusqu’en 882, pour comprendre cette drôle de tradition. À cette date, en pleine conquête musulmane, le roi octroya ce privilège aux bergers navarrais, pour s’assurer de leur fidélité. Et depuis cette tradition perdure de nos jours encore.
L'érosion des sols, riches en argile, en gypse et en grès a modelé des formes capricieuses qui vous transportent dans un univers quasi lunaire.
Notre arrêt, suivant, sera pour le monument naturel, et symbole, le plus représentatif des Bardenas Reales, appelé « Castildeterra », (château de terre).
Nous sommes admiratifs, devant cette cheminée de fée, véritable curiosité géologique, qui semble symboliser à elle seule l'étendue du désert. Contents de pouvoir encore l'admirer, après notre dernier passage de 2007.
En 2004, une opération d’urgence, a permis le colmatage de fissures qui auraient rapidement mis un terme à l’existence du Castildetierra. Ce problème réglé, la durée de vie du Castildetierra, de 30 m de hauteur, n’en demeure pas moins limitée à environ 40 ans.
Fragile et particulièrement sensible à l’érosion, cette admirable formation géologique ne sera probablement plus qu’un souvenir en l’an 2050. C'est une œuvre qui se contemple à distance, des barrières en interdisent le passage.
Beaucoup de personnes semblent, juste se contenter d’un simple arrêt sur le parking, situé au pied de cette curiosité géologique…
Dommage ! La diversité des paysages est surprenante ; steppes, roches façonnées par l’érosion, collines tabulaires, ravins ruiniformes et les nombreuses cheminées de fée, évoquent les déserts mythiques de l'Ouest américain, et donnent au site un air de « Monument Valley ». Un vrai décor de western, d'où on s'attend à voir débarquer Clint Eastwood chevauchant un cheval, chapeau de cow-boy sur la tête et revolver à la main.
Le paysage fut jadis le paradis des crocodiles et des tortues. C’est aujourd'hui, le royaume de nombreux rapaces : aigles, vautours, hiboux, outardes barbues, ainsi que des renards, et chats sauvages…
Nous parcourons, maintenant, la piste qui faite le tour du polygone de tir, crée en 1951, dans les Bardenas Blancas. C’est une zone militaire, utilisée comme centre d’entrainement pour l’Armée Espagnole. C'est là que l'aviation espagnole s'entraine à tirer sur des carcasses de chars ou d'avions.
En y passant à proximité, il est interdit de s'y arrêter devant, ou de pénétrer sur la zone balisée, sous peine de gros problème ! On ne peut penser sérieusement que les militaires puissent quitter un jour les Bardenas : le territoire est très vaste, désertique, et les conditions météorologiques sont globalement excellentes (il s'agit de l'une des régions les plus ensoleillées de la péninsule ibérique).
Polygone de tir.
De plus, il n'existe aucun autre champ de tir aérien en Espagne, et celui des Bardenas Reales est l'un des meilleurs dont l'OTAN puisse disposer en Europe. Autre atout d'importance : la proximité de la Base Aérienne de Saragosse. On remarque depuis quelques mois que le ministère de la défense espagnole ne cesse de souligner que la présence militaire dans les Bardenas est un gage de préservation du milieu naturel : « le polygone de tir et de bombardement étant une zone interdite d’accès, la protection de la faune et de la flore y est assurée ».
Les écologistes, pas dupes, rappellent que rien n’est plus polluant que des explosifs et que depuis 1951 ce sont des milliers de bombes qui ont explosé dans l’enceinte du polygone. L’abandon du site devra donner lieu à un démantèlement total des installations militaires.
Le désert de Bardenas n'a pas toujours été le havre de paix qu'il est aujourd'hui. En effet, il ne faut pas oublier que pendant la guerre civile espagnole, c'est dans les nombreux barrancos (ravins), des Bardenas que les franquistes fusillaient les républicains. On peut y faire de dangereuse découvertes, dans ces ravins, comme des obus, qui n'ont pas explosé, et qui datent de cette époque.
Véritable délire de la nature, le désert de Bardenas Reales, tranche totalement avec les paysages que l’on a pour habitude de voir dans le nord de l’Espagne. Nous profitons encore de quelques jolies vues sur la Blanca Baja, zone emblématique des Bardenas Reales, avant de regagner la piste carrossable.
Il s’agit d’un territoire, idyllique, dans lequel l’impression de calme et de sérénité est des plus réelles ! En ces lieux, les amoureux de la nature seront comblés par l’exceptionnelle beauté des paysages !
Connaissez vous ce désert, surprenant, si oui quelles ont été vos impressions ! Merci d'avance pour vos commentaires, à bientôt pour la suite de notre road-trip en Espagne du Nord.