La Toscane du sud
Après Bolsena, la route, nous menant à Sienne, nous fait traverser de beaux panoramas toscans : le Val d'Orcia et les Crêtes du Senesi. Cette région, splendide, que nous avons déjà eu l'occasion de visiter au printemps dernier, serpente dans des espaces vallonnés et colorés.
Les champs de cultures aux couleurs changeantes, les vignes et les oliveraies s'étendant à perte de vue, contribuent à la beauté naturelle de l'endroit, qui a inspiré l'œuvre de plusieurs artistes de la Renaissance. Le Val d'Orcia, au sud de la Toscane, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO réunit, sur un petit territoire, un large éventail d'atouts touristiques.
La Vallée n’a pas succombé à l’industrialisation, ni à la transformation radicale de la modernité. Encore aujourd’hui on peut voir de charmants villages qui sont restés intacts, comme au temps du Moyen Age.
Dans cette région du sud de la Toscane, nous traversons des paysages ondulés et sauvages, ponctués par les alignements de cyprès, et la fameuse Terre de Sienne.
Nous admirons ces panoramas qui s’offrent à nous, parfois presque lunaires, mais toujours magnifiques !
Le volcan Amiata en fond de décor.
Le paysage enchanteur n’est qu’une suite de cyprès, de ravines creusées par l’érosion, de monticules blancs argileux, sans végétation, ou presque...
...de pins ou de cyprès isolés et de fermes solitaires.
Les cyprès gardent les sentiers qui mènent vers des petites fermes au milieu des champs.
Après avoir traversé une partie du sud de la Toscane, nous faisons un petit arrêt à Acquapendente. A l'entrée de la ville, une énorme forteresse, avec deux grosses tours, attire notre attention. Nous décidons de nous y arrêter pour la voir de plus près.
Abbaye de Saint Sépulcre (extérieurs).
Un panneau, à l'entrée de l'église, nous indique que c'est la basilique romane Saint Sépulcre, qui contient des reliques, sacrées, provenant de la Terre Sainte, à Jérusalem.
Fondée entre 951 et 968, par Mathilde de Westphalie, mère de l'empereur Otton Ier, la basilique jouit d'un rayonnement spirituel étonnant !
D'après des récits, Mathilde de Westphalie serait partie en direction de Rome avec des reliques et l'argent nécessaire à la fondation, en Italie, d’une église similaire à celle du Saint Sépulcre, à Jérusalem.
La présence, à Acquapendente, d'une basilique consacrée au Saint Sépulcre, s’explique par : la position stratégique le long de la Via Francigena, les reliques sacrées provenant de Terre Sainte et le fait que Jérusalem était loin et difficile d'accès.
Elle est identique dans sa forme, ses dimensions et son orientation à celle de Jérusalem. Elle a été construite en mémoire à la ville Sainte, où les pèlerins avaient l’habitude de se recueillir depuis le Xe siècle, avant d’arriver à Rome.
Le crypte, du Xe siècle, de style roman, avec ses 24 colonnes, ses arches et ses chapiteaux, est l’une des plus ancienne d’Italie.
Dans cette forêt de colonnes, nous admirons les magnifiques chapiteaux sculptés, tous différents. Des lumières au sol nous permettent de les examiner de plus près.
Beaucoup de ces chapiteaux représentent : des décors végétaux, des personnages, de beaux feuillages, des masques humains, des animaux fantastiques, tirés des bestiaires : dragons, lions, boucs, aigles, oiseaux adossés au milieu de feuillages...
Au centre de la crypte, un double escalier creusé dans la roche permet d'accéder à un tombeau, qui reproduit les formes du Saint Sépulcre originel de Jérusalem.
A l'intérieur du tombeau, sont conservées les reliques des pierres de marbre qui, selon la tradition, ont été tâchées du sang du christ, lors de la passion. Elles auraient été rapportées, à Acquapendente, par des cavaliers de retour de la première croisade.
Ces reliques de pierre assurent, à la basilique Saint Sépulcre d'Acquapendente, dès sa fondation, une importante fréquentation par les pèlerins, à destination de Rome.
Tombeau contenant les reliques de pierre.
En 1262, l'abbaye passe des mains des bénédictins, à celles des chanoines augustiniens, de l'ordre du saint Sépulcre de Jérusalem, duquel le monastère dépend directement.
Eglise Saint Sépulcre à Jérusamem (extérieur et intérieur)
Transformée en cathédrale au XVIIe siècle, l'église subit de profondes transformations, puis ensuite détruite.
De l'édifice médiéval ne subsiste plus que la crypte romane.
La basilique est décorée par une série des tableaux présentés lors de la fête à la mi-mai de la Madonne des fleurs. A cette occasion, un concours de création de tableaux est organisé. Tous les tableaux font 2,60 par 3,60m.
Ils ne doivent contenir que des fleurs, des rameaux et des feuilles, agencés en mosaïque. La réalisation de ces tableaux géants (les pugnaloni) demandent beaucoup de temps, de la 1ère esquisse, à la recherche de fleurs et de feuilles qui donneront vie à la composition. Quand commence sa véritable exécution : c'est un travail intense, qui demande la participation, avec passion de nombreuses personnes, et continue toute la nuit jusqu'au matin du dimanche quand la fresque est prête à être exposée dans les rues et sur les places du centre historique.
Aux premières heures de l'après-midi les pugnaloni sont déposés sur la Place de la Cathédrale où commence dans la soirée le défilé jusqu'à la place où se rejoignent le cortège historique et les banderoles. Les tableaux sont exposés toute l'année dans la basilique. Les effets de perspectives et de relief sont surprenants
Suite : Sienne