Ventimiglia
Avant d’arriver à Menton, ville luxuriante aux couleurs ocres et orangées, nous décidons de nous arrêter à Ventimiglia. Dans l'ouest de la Ligurie, et à quelques kilomètres de la frontière avec la France, Ventimiglia (Vintimille en français) est dans une position enviable, entre la Riviera italienne et la Côte d'Azur, et depuis longtemps a été une destination touristique populaire.
La rivière de la Roya se jettant à Ventimiglia.
Si on la compare à la charmante ville française de Menton, juste à côté, le contraste, vue de l'extérieur, est saisissant, je dirais même un choc ! Une impression de passé révolu, domine l'ensemble.
Heureusement, l'intérieur du centre historique nous réserve de très belles surprises, que je vais essayer de vous faire découvrir, au fil des ruelles escarpées, car ça monte et ça descend sec ! Bien qu'elle ne soit pas la plus visité des villes de la Riviera, elle possède un certain charme, avec ses maisons aux couleurs pastel et ses belles églises. Ventimiglia, la vraie, ne se dévoile, progressivement, qu'à ceux qui veulent bien s’y attarder.
A noter : la vieille ville de Ventimiglia, toute en hauteur, est étagée sur plusieurs niveaux dont on accède par de nombreux escaliers.
J'admire les gens et même les personnes âges qui doivent descendre, tout en bas, plusieurs fois par jour, dans la ville moderne pour faire leur courses, aller au marché, ou autres...
Ancien théâtre d'Albintillium, l'ancienne Ventimiglia.
Impossible en effet, pour le touriste qui ne fait que passer, de s'imaginer qu'il reste encore de belles ruines de l'ancienne ville romaine et prospère Albintillium, autrefois bordée de maisons cossues. Les thermes, le théâtre, (construit à la fin du 2ème s. en utilisant des blocs de pierre de La Turbie), les maisons seigneuriales, les anciens quartiers habités, les riches mosaïques et les nombreux objets, également importés et récupérés dans les fouilles archéologiques, témoignent de cette prospérité.
Après avoir laissé notre camping-car, sur le grand parking, en contrebas, nous arrivons à l’entrée d’une porte fortifiée. Les fortifications qui enserrent les murs médiévaux de la ville datent du 16e siècle.
De magnifiques bougainvilliers décorent l'entrée de la porte fortifiée.
Notre curiosité, nous incite à rentrer dans la vieille ville frontalière, aux murs décrépis, que nous ne connaissons pas, pour prendre quelques photos.
Une fois la porte fortifiée franchie, nous avons l’impression d’être dans un autre monde.
Dans les ruelles entourées de maisons, à plusieurs étages, la lumière cède la place à la pénombre et à la fraicheur. Aucun bruit ne vient troubler nos pas dans ces étroites ruelles, aux murs d’une incroyable hauteur !
Nous retenons notre souffle..., nous avons l’impression d’être seuls au monde, en ce début d'après-midi, hormis quelques chats errants, qui se prélassent dans les rares coins ensoleillés, à l’affût de quelque nourriture. Peu d’agitation dans les rues, à l’exception de quelques déplacements de rideaux sur notre passage, (une ville fantôme, en quelque sorte !)
Il faut savoir que nous y sommes passés vers 14 h, et qu'à ce moment là, les gens font la sieste. Et oui, la sieste est une tradition qui a la vie dure en Italie ! Elle remonte à l’Antiquité où elle a été mise en place et depuis, c’est une vraie institution. Après le déjeuner et un bon plat de pasta, la ville s’endort. Toutes les boutiques ferment et ne rouvrent qu’en fin d’après-midi.
Il n’y a personne dans les rues et tout le monde reste à l’ombre. C’est particulièrement impressionnant, surtout pour des touristes, comme nous ! La vie refait surface à partir de 17h, environ, où les cafés sont envahis. Les femmes âgées sortent des petites chaises et s’assoient juste devant leur porte pour parler, de tout et de rien, avec leurs voisines. Leurs maris font de même mais préfèrent généralement les bancs publics autour de la petite place du village.
Les façades des maisons, aux couleurs délavées, vétustes et humides, en raison du manque d’ensoleillement, se succèdent, collées les unes aux autres. Ici la notion du temps semble avoir disparu.
Même si la vieille ville impressionne, et que l'on a l'impression de ne pas être en sécurité dans ces ruelles sombres et désertes, ce n'est qu'en apparence seulement !
On se surprend, peu à peu, à trouver la vieille ville pittoresque avec du linge qui pend aux fenêtres.
En fin d'après midi, après la fameuse "siesta", la place de la cathédrale est pleine de vie ! Quelques petits vieux papotent entre eux et se chauffent au soleil, plus loin des enfants jouent au ballon, d'autres jouent aux boules… ici la Dolce Vita commence à prendre tout son sens !
Dans les ruelles étroites et sombres, une dame âgée, peu habituée à voir des touristes, dans la ville haute, nous dévisage, en passant, sans oser nous adresser la parole. Souvent quelques mots en italien, même avec un accent, suffisent à lever toute inquiétude, avec les habitants du quartier.
Il est vrai que dans la vieille ville, rare sont les touristes qui y montent. Ils ne connaissent pas vraiment le quartier de Alta Ventimiglia, la partie haute de la ville, qui est la plus riche, pourtant, en l'histoire.
Ils préfèrent rester dans la ville moderne, en contrebas, pour son marché hebdomadaire. Tous les vendredis, des centaines de Français traversent la frontière italienne pour se rendre au célèbre marché de Ventimiglia, qui s’étend le long du front de mer, de la ville nouvelle. Même les superette subissent l'invasion francophone. Avec l'augmentation du prix de la vie, ils sont nombreux à venir y acheter les produits de première nécessité, bien moins chers qu'en France.
Il faut dire que ce marché, ouvert de 6 h à 17 h, vaut vraiment le détour et à des prix défiants toute concurrence. On y trouve de tout, même de la contrefaçon, et quand on dit tout, c’est vraiment tout : des vêtements en tous genres, des produits de beauté, de la nourriture, des objets artisanaux, des jouets pour enfants, des gadgets improbables, de la maroquinerie, de faux articles de marque... Il règne dans ce vaste marché, une ambiance bon enfant et colorée, et l’on peut passer des heures à simplement flâner le long des étales qui débordent d’objets hétéroclites. Depuis 2007 les marchands ambulants sont interdits.
Attention cependant aux objets de contrefaçons. Vous tomberez certainement sur des sacs de marques, de luxe, à des prix très intéressants. Et pour cause ! Il y a de fortes chances que cela soit des faux. Par contre, si vous vous faites contrôler, à la douane, vous pourriez payer une amende pour recel de contrefaçon.
- Petite chapelle : Nous poursuivons notre déambulation, au hasard des ruelles étroites, que nous rencontrons et nous arrêtons devant une petite chapelle, à l'extérieur sobre, encastrée entre deux maisons. Elle aurait pu passer inaperçu, à nos yeux, tellement elle se fonde dans le décor. Rien de son apparence extérieur nous indique que c'est un monument religieux (voir photo ci-dessous).
Petite chapelle à l'arrière de la fontaine, encastrée dans deux maisons.
Et pourtant, à l'intérieur, c'est une vraie splendeur : des fresques, des statues en marbre, des tableaux, décorent la chapelle de haut en bas.
La beauté de son style baroque, est digne des grandes cathédrales italiennes.
Devant l'autel, un Christ émouvant, presque réel, allongé sur un lit.
- La cathédrale : Remis de notre émotion, et après quelques égarements, de ruelles en ruelles, nous arrivons, enfin, dans la rue Garibaldi, devant la cathédrale.
Elle et sa place, cœur monumental du quartier, méritent vraiment un détour !
La fondation de cette magnifique cathédrale, remontant au VIIIe siècle, est l'un des plus beaux édifices romans de la Ligurie.
Toute la grandeur du Vintimille médiéval semble se manifester dans ce superbe édifice, témoignage unique de l'architecture romane dans la région.
Construite sur les fondations d'une église carolingienne, Santa Maria Assunta présente une façade datée de 1222 et des chapelles latérales du XVIe siècle.
- Le baptistère octogonal, au dos de la cathédrale, remonte au XIe siècle.
Baptistère à l'arrière de la cathédrale.
A l'intérieur est conservé un majestueux bassin à immersion du XIIe siècle. On peut, aussi, y admirer une "Vierge à l'Enfant" (de 1328).
La crypte avec son baptistère.
Sous le chœur, dans la crypte, on aperçoit les soubassements du haut Moyen Age et des pierres tombales gravées de symboles.
La crypte avec ses pierres tombales.
Nous trouvons, dans la rue Garibaldi, la rue principal, un jardin fleuri, dont l'exubérance des plantes nous étonne,
... et juste à côté de la cathédrale, un Palais qui semble avoir perdu toute sa splendeur d'antan !!!
Ce Palais était le couvent des Sœurs d'Orto, avec son impressionnant escalier, à deux rampes d' accès. Cet ancien monastère, héberge, maintenant les différents services de la ville. Suite à des fonds collectés, une restauration prochaine aura lieu.
Le couvent des Soeurs d'Orto, et la cathédrale sur le côté.
- L'église Saint-Michel : De ruelles en ruelles et après quelques égarements, nous arrivons devant l'église Saint-Michel.
Les piliers de la crypte, en marbre ont été taillés, parait-il, à partir de bornes miliaires de la via Aurélia.
Façade de l'église Saint-Michel.
L'esplanade de l'église Saint-Michel est baignée par le soleil. Nous avions oublié qu’il faisait beau, dans la pénombre des ruelles étroites.
L'église Saint-Michel, vue sur le côté.
A l'extérieur au pied de l’église, des oliviers et des palmiers chétifs nous font penser au Mont des Oliviers.
Nous dominons la ville moderne, au calme, sans qu'aucun bruit ne nous parvienne.
Vue sur la ville nouvelle, de l'église Saint-Michel.
En regagnant notre parking, nous regardons étonnés un camion, transformé en épicerie ambulante, vendant ses fruits et légumes. On marchande à qui mieux mieux sur la qualité des produits. Il est vrai que c'est très pratique pour les gens habitant dans la ville haute, cela leur évite de devoir descendre dans la ville nouvelle, en bas, car les escaliers sont nombreux.
- Les fêtes en Italie : Les Italiens sont de vrais fêtards ! C’est une population très chaleureuse. Ils parlent très forts et font de grands gestes avec les mains. Ils sont très expressifs. Mais au-delà de ça, les festivités auxquelles ils prennent part sont surtout rythmées par le calendrier religieux. Dans chaque ville, le saint patron est fêté avec ferveur et des processions ont lieu en son honneur. Mais certaines fêtes sont aussi profanes, comme les carnavals qui sont très appréciés. Le carnaval de Ventimiglia ne déroge pas à la règle :
Décrit par le célèbre acteur de Hollywood, Carrie Grant comme « le plus grand spectacle sur terre », le festival de bataille de fleurs de Ventimiglia, est en effet l'un des carnavals de fleurs les plus dynamiques et passionnants au monde ! Bien que les célébrations de ce genre ont lieu dans tous les pays du monde entier, peu associent les origines antiques de la fête avec de la musique, de la danse, du théâtre !
Au cours de la seconde moitié du mois de Juin, les visiteurs peuvent regarder la parade annuelle de chars décorés de fleurs se déplaçant à travers la ville, accompagnés de fanfares, de danse et de gens habillés en costumes colorés et bien plus encore !
En cette belle journée de printemps, le ciel était d’un bleu éclatant, immaculé de quelques nuages blancs. Le ciel et la mer semblaient jouer à celui qui serait le plus bleu !
Nouveau port en construction, de Ventimiglia, en construction.
- Nouveau port : Le port de la principauté de Monaco étant saturé, pour accueillir tous les yachts de luxe, qui voudraient faire escale, la ville de Monaco a acheté la concession portuaire de Ventimiglia, pour 85 ans. Située à 20 mn de bateau, les visiteurs fortunés seront acheminés vers le Rocher en navette ou en hélicoptère. Le nouveau port devrait être achevé l’été 2018, avec un coût total du projet estimé à 80 millions d’euros.
Ce nouveau port devrait être une vrai providence pour Ventimiglia, lui permettant, avec les bénéfices tirés du port, de rénover la ville haute de Ventimiglia, qui en a bien besoin. Cette vieille ville, mérite, sans aucun doute, d'être plus connue pour tous les petits trésors qu'elle renferme !
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