Sri Lanka : Le Rocher du Lion
Un lieu, vestige d’une folie dévorante et d’une forteresse démesurée, nous a véritablement marqué, lors de notre voyage, au Sri Lanka : le Rocher du Lion. S'élevant des plaines centrales, le légendaire rocher de Sigiriya est peut être le site le plus spectaculaire du pays.
Pour y accéder, nous prenons un bus jusqu’à la bourgade de Sigirîya, qui a poussé au pied du célèbre site. Nous l’apercevons, depuis la route, se dressant entre les arbres, imposant. La petite route qui mène à Sigirîya possède une végétation très dense. Au petit matin, déjà la foule a envahi le lieu, très touristique, ce qui ne nous empêche pas de savourer l’extraordinaire beauté des lieux.
Ticket acheté, nous nous engageons dans les anciens jardins du palais, où le roi Kassapa fit édifier une forteresse pratiquement imprenable et y vécu pendant 18 ans. Il est monté sur le trône en renversant son père, et en usurpant son petit frère mais héritier légitime au trône, Moggallana, après un coup d'état dans le palais royal. Une fois couronné, il a emprisonné et exécuté son père.
C'est ainsi qu'il obtenu le nom de Kassapa le Patricide. Après 20 ans de règne, il a été vaincu par son frère Moggallana, qui avait réussi à s'enfuir en Inde du Sud, avant de revenir avec une armée pour regagner le trône. Kassapa fut vaincu et tué par son frère, qui voulu se venger de la mort de son père.
Un chemin qui mène au pied de la forteresse, traverse de très agréables jardins royaux : d’eau, de pierre et en terrasse.
Les fontaines fonctionnent encore, 1500 ans après leur mise en, grâce à leur ingénieux système à gravité. Le réservoir qui alimente les jardins est situé à 10 kilomètres de là.
L’eau était également acheminée sans mécanisme particulier jusqu’au sommet, grâce à un système de différences de niveaux et pressions. Incroyable pour l’époque et même encore de nos jours.
Le rocher, en forme de Lion, d’une hauteur de 370 m, nous paraît de plus en plus grand, au fur et à mesure que nous nous approchons.
Nous découvrons de nombreux bassins, dont un à la forme octogonale peu courante, parmi tant d’autres.
Il est de règle, sur le site d’observer le silence, nous en profitons pour observer les alentours, une nature luxuriante. Nous slalomons entre les chiens errants et les singes débonnaires.
Nous contemplons, au détour d'un chemin, un crocodile se dorant au soleil sur un rocher. Il arrive même d’apercevoir des nuées de frelons, d’où le nombre de cages situées, sur le site.
Nous entamons la montée, et apercevons, ici et là, des postes de gardes, au travers des entailles creusées dans le rocher. L'escalade vers le palais aérien demande un peu de courage, défiant celles et ceux souffrant de vertige. Les escaliers démarrent au niveau du palais d’été, au pied du roc.
Cela grimpe très raide, dans une chaleur étouffante et humide. Certains touristes souffrent au bout des premières marches, en sandales pour la plupart.
Nous allons devoir gravir 370 mètres de dénivelé, sur une courte distance. Mieux vaut être bien équipé en chaussures.
Nous découvrons une entaille dans la roche, à mi-hauteur du rocher, avec en dessous un passage protégé.
A mi chemin du sommet, un escalier en colimaçon conduit du chemin principal à une longue galerie abritée dans la paroi rocheuse. Elle renferme une série de peintures de femmes pulpeuses, "les Demoiselles", à la taille de guêpe, qui représenteraient des nymphes célestes ou des concubines du roi Kassapa.
Protégées du soleil dans la galerie, les peintures restent en très bon état, avec des couleurs toujours vives. A l'origine on comptait dans la galerie, située à mi-chemin du sommet, quelques 500 portraits de jeunes femmes. Il n'en reste qu'une vingtaine aujourd'hui. Les courtisanes et servantes étaient nombreuses à l’époque, que l’on retrouve sûrement dans ces fresques, seuls témoins de la femme médiévale de Ceylan
Protégées des outrages du temps, grâce à la corniche qui les surplombe, ces fresques méritent l’effort que l’on doit accomplir pour y parvenir.
Nous arpentons ensuite le mur des témoignages, protégé des vandales et dissimulé des regards extérieurs.
Il longe le rocher et arbore de nombreux gribouillis millénaires, témoignages de celles et ceux ayant gravi le roc pour rencontrer le roi. Ces graffitis datent de la période allant du VIe au XIVe siècle.
Nous atteignons, enfin la terrasse du Lion, avec en haut un rocher toujours près à dévaler la pente pour écraser les assaillants.
D’anciens restes de cellules de prisonniers et cahutes sont encore visibles. Les prisonniers étaient descendus dans ces anfractuosités de la roche, à bout de corde, pour y purger leur peine. Funeste endroit mais , mais avec une vue incroyable à vous couper le souffle !
La grotte du Capuchon du Cobra, doit son nom au surplomb rocheux qui ressemble à la tête d'un cobra déployé. Nous passons par cet endroit, en descendant du rocher, pour rejoindre le parking. L'intérieur recouvert de plâtre, était jadis orné de peintures de fleurs et d'animaux.
Nous arrivons enfin aux pattes du Lion, l’ascension finale arrive presqu'à son terme.
De la statue géante du lion, qui montait la garde et terrifiait sans doute les visiteurs, autrefois, il ne reste plus que les imposantes pattes reposant de part et d'autre d'un premier escalier.
Jadis un gigantesque lion en brique était assis sur ce bout du rocher et l'ascension finale débutait par un escalier qui passait entre les pattes du fauve et entrait dans sa gueule. Le lion sculpté au Ve siècle a depuis disparu. Des sillons creusés dans le rocher et bordés d'une rampe, conduisent au sommet, un lieu impressionnant !
Nous continuons de grimper, lentement, à flanc de falaise, certains de mes collègues de travail ferment les yeux et s'accrochent fermement à la balustrade, pour atteindre le sommet.
Certains sont restés en bas, comme ma fille, qui n'a pas voulu monter les 1200 marches. Le chemin est parfaitement sécurisé, mais il faut quand même avoir la forme pour grimper toutes ces marches. A flanc de rocher, cet escalier impressionne les visiteurs.
Nous arrivons enfin au sommet et découvrons les restes d'un palais, d'une ancienne civilisation. Le spectaculaire sommet, men terrasse, couvre 1.6 ha. On constate qu'il ne reste que peu de chose du palais : quelques fondations et une partie d'escalier. Il s'agirait du site choisi par Kassapa pour édifier sa capitale fortifiée après qu'il eu assassiné son père.
Tôt le matin, la vue sur les forêts, nimbées de brume, est époustouflante !
Seule un gigantesque bassin, de 27 m que 21 m, (la piscine royale), creusé dans la roche, est parfaitement conservé. Il servait sans doute de réserve d'eau.
De cette plate-forme relativement plate, on bénéficie d'une vue imprenable et inoubliable sur toute la région !
Elle s'étend sur des kilomètres, à travers un océan émeraude de canopée.
On comprend pourquoi le roi Kassapa avait choisi cet endroit magnifique, et resta ici 18 ans, à contempler les alentours.
Pour éviter les grosses chaleurs, arrivez sur place tôt le matin. Grimper directement le rocher afin de profiter de la fraîcheur matinale. Mieux vaut être en forme, car la montée comprend des parties très raides. Mieux vaut emporter un chapeau, car il n'y a pas d'ombre au sommet.