Caspe et ses cigognes
L’une des spécialités de l’Aragon, en plus de l'art mudéjar, dont je vais vous parler dans cet article, ce sont les cigognes.
Ancienne église mudéjar, à Caspe, refuge des cigognes.
Elles vivent là toute l’année, comme tout avons pu le constater sur une église, en ruine, de style mudéjar, à Caspe.
Très souvent les supports de leurs nids leur sont aménagés par l’homme.
Ce sont des sortes de panier en métal pré-installés sur les excroissances des monuments, en général les clochers. Sinon, elles vont jusqu’à s’installer au sommet des poteaux électriques, et pilônes métalliques, à raz des cables !
Cette route, que nous emprunterons, dans la région de l'Aragon, nous révèlera l’art mudéjar, dans toute sa splendeur, classé au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Tout au long du parcours, nous visiterons des exemples d’architecture, symbolisant la cohabitation, entre les arabes et les chrétiens d'Aragon.
Cet ancien couvent Santo Domingo, à Caspe, en ruine, de style mudéjar, où nous pourrons observer de nombreuses cigognes, est l’exemple type de l’art mudéjar en Aragon.
Couvent Santo Domingo détruit lors de la guerre civile de Franco.
C’est l’histoire d’une civilisation qui sut, pendant presque huit siècles, concilier les arts de l'Orient et de l'Occident, en fondant un style unique. Ces édifices sont remarquables, de part leur ornementation élaborée, un art unique au monde !
Ville de Caspe au milieu de nulle part !
Cette région, fut au temps de la reconquête, un lieu où les morisques (musulmans espagnols), sont restés sous tutelle chrétienne, en bonne entente avec leurs voisins. Moyennant impôts, ils y gardaient leur religion, leur administration et surtout leur savoir-faire qui s'exerçait, aussi bien dans l'art des vergers que dans celui de la construction dont les témoignages précieux abondent aujourd'hui encore.
Ces églises-forteresses étaient destinées à servir de tour de guet et de lieu de recueillement. Elles ont survécu à l'expulsion, dans les années 1600, des musulmans qui avaient contribué à les édifier, et qui y avaient imprimé, avec compétence, leur marque, à la fois dans la structure, et dans la décoration extérieure et intérieure. Elles sont l'image d'une société qui intégra, avec tolérance, les musulmans, les juifs et les chrétiens.
Aujourd'hui, ces églises resurgissent du passé, parfois défigurées par le temps, comme celle de Capse, parfois intactes, mais abîmées.
Celles qui restent forment dans les vallées aragonaises un chapelet qui égrène les riches heures de huit siècles de métissage culturel.
L'art mudéjar consistait à associer la brique, à la céramique, sur les façades des églises et des clochers. Cette touche exotique n'est pas sans rappeler, dans sa coloration ocre, les paysages de l'Atlas marocain.
Par-delà leur expulsion de ces terres bien-aimées, les populations mudéjars qui naquirent ici et y vécurent, huit siècles d'affilée, y ont laissé un peu de leur âme. Les tours qu'ils ont édifiées, les poutres qu'ils ont peintes, le nom d'Allah qu'ils y ont imprimé, nous parlent d'une paix, dont on veut croire qu'elle est toujours possible ! L'opération « Musée sans frontières » participe de la réhabilitation de cet art, et de cette civilisation qui fut unique en Europe.
Après des siècles d’invasions, l’Aragon est d’une très grande richesse architecturale. Chaque village a au moins une église (si ce n’est plusieurs), un ermitage et souvent en plus un château, ce qui est le cas de Caspe. La tour de Salamanca, fortin militaire érigé en 1875 par le général Manuel de Salamanca, d’où son nom. Cet édifice, à Caspe, faisait partie d’une série de tours.
Les églises, en Aragon, sont nombreuses, et ressemblent plus, par leurs dimensions, à des cathédrales. Les ermitages se dressent, eux aussi, au sommet des collines et ressemblent pour la plupart à des abbayes en réduction. Quant aux châteaux, hélas, à part ceux très touristiques, ils sont, pour la plupart, en mauvais état de conservation, ce qui, curieusement ne leur enlève ni charme, ni beauté.
Suite : la Vallée de l'Ebre