Sanctuaire de Notre Dame de la Sabine
Cette longue route, rectiligne, nous fait traverser la sierra de Alcubierre, qui s'étend à perte de vue.
L'eau et le vent ont formé un paysage : de collines, de petits reliefs tabulaires, parfois de zones plates de lagunes, de ravins et de vallées typiques. On a du mal à croire que cette région montagneuse était, autrefois, peuplée de forêts luxuriantes, principalement de genevriers anciens, de chênes verts, d'arbousiers ou de genévriers. Tous ces arbres ont malheureusement été taillés, pour la construction des navires de l'Armada Invincible, entre autres. Nom de la flotte d'invasion armée espagnole, (130 navires), pour la conquête de l'Angleterre, en 1588.
Nous continuons jusqu’au village de Farlete, à moins de 30 km de Saragosse, pour voir, sur une petite hauteur, le sanctuaire de Notre Dame de la Sabine, perdu au milieu d'un océan de blé et de montagnes désertiques.
Nous découvrons les charmes de ce sanctuaire, quise découpe à l'horizon, dont le père Ramon est d'origine française.
Sa construction est faite de briques, de maçonnerie en pierre et de plâtre de mortier, entre autres.
L'ermitage est fermé, mais grâce à deux petits portillons, dans la porte d'entrée, nous pourrons apercevoir l'intérieur, qui est de toute beauté. Nous ne voyons pas les peintures de Fray Manuel Bayeu, car l'église est fermée.
Son origine remonte au XIIIème siècle mais une grande partie de l' édifice actuel a été construite au XVIIème siècle.
Nous nous contentons, donc, d’une visite extérieure en admirant les beaux rosiers parfumés, qui ressortent dans le bleu du ciel...
...et de beaux lauriers roses, en fleur, qui ornent les alentours de l’ermitage.
De jolis fleurs mauves, égayent, aussi, le paysage. Quel contraste de couleurs avec, en arrière plan, la partie désertique, ocre, des Monts Alcubierre.
Devant l'ermitage, ce sont des griffes de sorcière, de couleur jaune, que nous aurons la chance d'admirer.
La floraison commence en mai, et se termine en octobre. Durant cette période apparaissent de grosses fleurs, aux pétales mauves ou jaunes, l'occasion de faire de un peu de macro.
Les feuilles sont charnues et ce terminent en pointe, d'où le nom "griffe de sorcière". Cette plante, inattendue, perdue au milieu de ces étendues désertiques, de la Sierra de Alcubierre, est du plus bel effet !
Le vent souffle fort ce qui n'est pas très agréable. Le sol argileux, est déjà craquelé, début mai, par la sécheresse qui s'abat, dans la région.
À la droite du Sanctuaire, un chemin indique l’ermitage et les grottes de San Caprasio, situés à 834 m d'altitude, le point culminant de la Sierra de Alcubierre.
Ce sont des grottes creusées dans la roche, actuellement utilisées comme ermitage, où il est possible de pratiquer la méditation. Ces grottes ont été restaurées par la Confrérie de Jésus et sont un refuge pour les promeneurs.
C'est un paysage austère, un royaume dans le désert, inhospitalier, désolé, mais immensément beau. Le sol de la steppe est stratifié par des couches de marnes, de calcaire et de gypse, un lieu idéal pour les amoureux de la nature.
Point stratégique pendant la guerre civile espagnole, ses montagnes sont pleines de tranchées, de cachettes et de grottes, que nous découvrons au fur et à mesure de notre balade pédestre.
Pour résumer rapidement : Cette guerre civile, est un conflit qui opposa le camp des « nationalistes » à celui des « républicains ». Elle se déroula de juillet 1936 à avril 1939 et s’acheva par la défaite des républicains et l’établissement de la dictature de Francisco Franco, qui conserva le pouvoir absolu jusqu’à sa mort en 1975.
Un exemple frapant : Dans la province de Saragosse, en plein cœur de l’Aragon, se trouve un petit village en ruine, Belchite, symbole de la guerre civile espagnole, où le temps s’est arrêté, au lendemain des affrontements extrêmement violents, de septembre 1937, qui s’y déroulèrent.
Nous nous sommes rendus, dans ce village, en juillet 2007, quelques jours après notre périple dans le Désert de Bardenas Reales. Je peux vous dire que l'émotion était au rendez-vous, ce jour-là, même encore maintenant quand je regarde nos anciennes photos, je ne peux m'empêcher d'avoir un petit pincement au coeur en voyant ce village fantôme, totalement en ruine.
On peut apercevoir, au milieu d’un paysage sévère de plaines et de steppes brunes, la silhouette fantomatique et délabrée d’un clocher qui se dresse au-dessus d’un décor apocalyptique : des maisons en ruine, des façades éventrées et des rues qui se perdent parmi les décombres.
Ce sont les restes de l’ancien village de Belchite qui fut le théâtre, durant la guerre civile Espagnole, de combats qui firent, dit-on, près de 6000 morts. Aujourd’hui, la mémoire blessée des habitants se perd dans les ruines de l’ancien village qui fut le théâtre de très violents combats.
Le visiter permet de se plonger dans une Espagne terrifiée, mais également d’admirer, aussi, les magnifiques sculptures ornementales des bâtiments religieux que les bombes ont exposées aux cieux.
Nous ne sommes plus ici dans le simple tourisme, mais dans un lieu de mémoire, dont l'ambiance tragique et déchirée, me font penser au village en ruine d'Oradour sur Glane, en France.