Les rives de l'Ebre : terre de contrastes
Comme tous les grands fleuves, l'Èbre, dans l'Aragon, a été, pendant des siècles, un canal de communication essentiel, utilisé par les marins, les marchands et les artistes pour voyager et transporter des marchandises et du savoir-faire. Les potiers, les agriculteurs, les pêcheurs et les bateliers exercent encore leurs métiers, pour le plus grand plaisir des visiteurs.
L’Ebre, le fleuve qui traverse la contrée du nord au sud, est un fleuve fascinant. La bonne entente avec le fleuve n’a pas toujours été facile. Les crues répétées, avant la construction des barrages régulateurs, ont brisé bien des rêves chez ceux qui s’étaient approchés de ses eaux vertes et bleues pour y construire un improbable destin.
Mais le fleuve a été, dès les origines, le garant de la vie, avant tout pour les cultures, dont c’est la ressource majeure.
Les bords du fleuve de la Ribera d’Ebre, sont riches d’une dense végétation, où règnent les cultures d’arbres fruitiers. La pêche de vigne et la cerise en sont les éléments leaders. Mais plus on s’éloigne de l’Ebre, plus le paysage redevient celui de l’austérité de l’olivier, de la vigne, de l’amandier et des cultures habituées à la sécheresse.
Cette concentration de la chaleur, sur la vallée du fleuve, et la cuvette constitue un avantage important pour les cultures agricoles. Les contrastes entre les berges verdoyantes du fleuve et les zones intérieures offrent à la vue un spectacle incomparable. Et c’est sans compter sur les nombreuses espèces locales, dont les cigognes, qui animent ce paysage de carte postale !
Au printemps, les champs fleuris des arbres fruitiers de la vallée doivent être un véritable éblouissement. Dans les contrées les plus hautes, la primauté reste celle de la vigne et de l’olivier, ancrés historiquement dans le pays et dont l’huile et le vin tiennent encore un rang appréciable.
Nous traversons le célèbre pont qui nous mène au village de Sastago.
Le pont en arcs, à tablier, de Sastago
La traversée de ce joli village de Sastago, avec ses maisons blanches, nous fait penser à l'Andalousie.
Nous nous arrêtons, ensuite, sur un banc, au niveau d'un bèlevédère, pour contempler la vue qui s’offre à nous, un panorama magnifique, sillonné par les méandres de l’ Èbre. Ce joyau caché des terres de l’Èbre renferme un incroyable décor sculpté par l’eau dans la pierre… Magnifique !
De la route nous apercevons, au loin, Sastago, le ponten arcs, des parcelles d’oliviers ou de la vigne, délimitées par de traditionnels murs de pierre, avec comme fond de décor cette montagne désertique, semi-aride.
Mais là où cet itinéraire devient réellement magnifique c’est quand il nous permet de contempler, de véritables falaises, abruptes, qui longent la rive opposée de l’Ebre.
Au terme de notre visite dans cette zone, nous donnons encore un dernier coup d'œil au village de Sastago qui repose, paisible, au bord de l'Ebre.
Pendant les derniers jours que nous venons de passer, nous croiserons de vrais décors de cinéma, nous longerons les méandres du plus important fleuve d’Espagne.
Ermitage Montler, perdu au milieu d'un méandre de l'Ebre.
Nous passerons par des paysages totalement désertiques, dignes de l’Afrique, à des montagnes verdoyantes. Un ensemble de paysages naturels qui font de l’Espagne un pays très varié, dont on ne se lasse jamais !
La rive de l’Ebre était, autrefois, l’endroit idéal pour la construction du monastère de Rueda, en 1202, à l’écart de tout, mais dominé par un vaste et riche territoire. Au milieu de nulle part, dans un environnement aride, et tout près de Belchite, il apparait comme une oasis pour les gens de passage, comme nous. C’est un superbe monastère cistercien, au milieu des méandres de l'Ebre, dans un paysage désertique.
C’est l'un des ensembles monastiques cisterciens les plus importants, parmi ceux ayant été construits en Europe, entre les XIIe et XIIIe siècles et a été abandonné au XIXème siècle. Il a, depuis plusieurs années, subi une grande rénovation, de 1991 à 2003. La qualité du travail accompli met en valeur la superbe architecture des bâtiments et surtout de son cloitre.
Le monastère doit son nom à la roue qui servait à pomper l'eau dans l'Ebre qui se trouve à proximité. Une gigantesque roue qui alimentait en eau l’enceinte est devenue l’identité du monastère. La "roue" (rénovée) du moulin de Rueda est une très belle mécanique, de grande taille et à plusieurs fonctions.
Une partie de l'édifice sert d'Hôtel-Restaurant, en saison estivale, mais à cette période de mai, nous n'avons pu voir que l'extérieur et ses jardins.
En plus, ce monastère permet d'avoir de superbes vues sur le fleuve Ebre situé en contrebas. L'endroit est particulièrement jolie et agréable, idéal pour faire une petite halte d’une nuit, ce que nous ferons.
Spiritualité, recueil et plein air, dans la solitude la plus profonde, voilà un monastère, aragonais, qui mérite une petite visite.