La Sierra de Alcubierre

Le territoire des Monégros, qui compte 8 habitants au kilomètre carré,  est coupé en deux par la Sierra de Alcubierre.

Cet impressionnant paysage est en grande partie du à la conséquence de l’action humaine tout au long de millénaires.

Champs d'amandiers. 

Ibères, Romains, Visigoths, Arabes sont autant de civilisations qui s’y sont succédé et qui y ont imprimé leur trace ; de nombreux gisements archéologiques en témoignent. La fouille d'une vieille ville musulmane, à Marcén (Monégros), a révélé la présence d'un peuplement andalous, important, associé à un vaste habitat, une mosquée et une culture matérielle abondante. 

Le site musulman de Las Sillas (Marcén).

Ce site musulman a été édifié, vers le milieu du X^e siècle, et occupé sans interruption, jusqu’au moment de la reconquête, sous le règne du roi Pierre I^erd’Aragon (1094-1104).

 Le site musulman de Las Sillas (Marcén).

Ce paysage, de la Sierra de Alcubierre, très singulier, est composé par une mosaïque de steppes, salines, ravines, lagunes, collines et champs de blé. 

Souvent, les seuls arbres présents sur des milliers d’hectares sont des genévriers thurifères complètement isolés ; et les aigles royaux trouvent le moyen d’y nicher, là, sur cet arbre solitaire dans un océan minéral et aride.

 genévriers thurifères

Notre route est faite de longues lignes droites, bordées de genêts, soumis au vent, tout comme les céréales et amandiers, qui poussent dans les champs. 

La terre semble bien sèche et aride, même en ce mois de mai.

Cette immensité sauvage, de solitude et de silence,  est  juste animé par le vent, el cierzo. (vent fort du Sahara).

Nous croisons plusieurs troupeaux de moutons en transhumance avec leur berger. Ils sont souvent accompagnés de quelques chèvres ou bien d'un âne. 

Quelques rares mares dispersées, très prisées par les bergers et leurs troupeaux, représentent de véritables oasis pour la faune sauvage.

Au nord, on trouve des champs irrigués de blé et d’orge. C’est  sur ces terres de craie et de limon que  se concentrent le plus de villages.

Le sud, plus désertique, présente une saline qui offre des champs de luzerne.

De nombreuses éoliennes jalonnent notre parcours, avec toujours ces jolis coquelicots que décorent les bordures des routes.

Zone d’hivernage pour les oiseaux nichant dans le nord de l’Europe, zone de reproduction pour un grand nombre d’oiseaux en provenance d’Afrique. C'est une zone de transition des grandes migrations entre l’Europe et l’Afrique, à travers le détroit de Gibraltar. Mais c'est aussi et surtout, l'habitat permanent des oiseaux de la steppe : c'est une région privilégiée pour la faune aviaire et un paradis pour les ornithologues. 

Même si  l’espèce la plus notoire de cette région est la grande outarde, imposante par sa grande taille (c’est l’oiseau le plus lourd capable de voler !)...

... la vraie vedette est le petit Sirli de Dupont, dont l’aire de distribution est réduite à cette seule région de l’Europe et un mince territoire dans le Maghreb.

Ici, on retrouve l’Espagne d’autrefois, celle des vieilles maisons en briques séchées et enduites de chaux ou de terre.

Un peu plus loin, la route nous conduit sur une ligne de front de la guerre civile espagnole. La Sierra de Alcubierre est aussi connu pour avoir été une des régions espagnoles où eurent lieu la plupart des combats entre franquistes et républicains pendant la guerre civile de 1936. 

Le  site est appelé Ruta Orwelle, car l’écrivain britannique George Orwell a participé quelques temps, du côté Républicain, à cette guerre qu’il a relatée dans "Hommage à la Catalogne". Sur le Mont Irazo, nous comprenons la position stratégique du lieu.

Sur place, on peut voir une reconstitution des tranchées, des refuges et des postes d'observation de la Guerre Civile. 

Les explications et la topographie rendent bien compte, de ce qu'ont dû être les combats pendant cette guerre civile.

Rien ne manque à ces paysages d’un autre monde, tout y est, du vol incessant des vautours, aux haciendas, (grandes exploitations agricoles)...

...aux touffes d’alfa, qui roulent dans la poussière, sous les tourbillons du vent… 

Un paysage de Far-West où les châteaux de terre, les falaises et canyons (barrancos), font légende.

Comme happés par le temps qui passe, La Sierra de Alcubierre continura de se transformer même si tout semble en suspens ici… 

Suite : Ermitage Fariete

Comments

[Martine84000]

Non c'est une région que nous connaissions déjà, donc cela a été plus facile, moins de recherches à faire. Si vous y allez début juillet, vous ne rencontrez pas le même genre de paysages, car à cette époque, déjà, tout commence à griller. Il y a 10 ans, en plein été, ces déserts nous avaient encore plus étonnés, au printemps, au contraire, c'est beaucoup plus vert, avec toutes les cultures et systèmes d’irrigation qu'il n'y avait pas autrefois. Merci pour vos commentaires et bon après midi. Bises.

[Xtian]

Bonjour Martine

Mais vous y avez passé plusieurs mois à tant écrire sur cette admirable région ! Quelle belle collection de superbes clichés vous en avez rapporté !

Bises

[AmiGilbertAhuy]

De Sierras en Sierras… que j'aurais bien aimé faire à pied, en empruntant tous ces beaux chemins de poussières, et même ces jolies petites routes… en bivouaquant dans ces jolis abris ! il faut juste traverser quelques beaux pueblos pour s'approvisionner en eau et en nourriture ! ce serait : La Ruta Orwelle ! ou le Camino d'Orwell !



Gilbert

[Martine84000]

Pour qui recherche la solitude et la tranquillité, loin des foules, ces régions désertiques des Monégros, sont un véritable paradis, qui mérite que l'on s'y attarde, pour son relief sculpté, étonnant. Merci pour le commentaire, à bientôt, la suite réserve aussi de belles surprises.

[Caro]

Très jolies photos ! C'est une région que je traverse régulièrement, mais je ne m'y suis jamais arrêtée, et je découvre que c'est bien dommage ! merci pour cet article instructif.