Sri Lanka : pays du thé
Le Sri Lanka est une destination rêvée, pour les amoureux de la nature. Avec 30% de son territoire recouvert de forêt, le Sri Lanka est un grand poumon vert à la végétation luxuriante ! Grâce aux pluies qui arrosent le pays, la flore est abondante et diversifiée : des rizières, des plantations de thé, des forêts tropicales, des zones montagneuses, de la jungle et de nombreux parcs nationaux. Aujourd'hui, c'est plus particulièrement dans des plantations de thé, que je vous emmène, pour un spectacle éblouissant !
Nous quittons Kandy, en prenant un bus, pour nous diriger plus vers le sud. En route, nous découvrons de magnifiques paysages, verdoyants, aux versants tapissés de plantations de thé, qui confèrent, au paysage, un aspect très particulier. Nous longeons des plantations en terrasse, dont les arbustes créent des courbes, qui épousent les collines environnantes. Une région calme et paisible, de légères pentes, un climat généreux.
À l’origine réservée à la culture du café par les colons britanniques, la région montagneuse est ensuite plantée de théiers sous l'impulsion du planteur écossais James Taylor. C'est le début d'une culture appelée à s'épanouir, pour le plus grand bonheur des amateurs et des voyageurs. Ce n’est pas pour rien, non plus, que Sir Thomas Lipton y a installé ses précieuses plantations, à la fin du 19ème siècle !
Les amateurs savent que la saveur et la qualité du thé dépendent de l’altitude, où la plante a été cultivée. Comme les vins en France, il existe différents cépages et des grands crus, réputés comme les meilleurs au monde. Le thé produit au Sri Lanka est essentiellement du thé noir. On distingue trois altitudes (haute, moyenne ou basse). Le thé des plus hautes altitudes (+ de 1300 m), est le plus fin et le plus aromatique. En basse altitude, le thé est plus sombre, plus fort, plus « breakfast ». Le thé produit dans la région montagneuse de Nuwara Eliya (où nous sommes actuellement), est considéré comme le meilleur du pays. Tout est lié, aussi, au climat : les moussons du sud-ouest et du nord-est, donnent au thé ses propriétés fondamentales.
Luxueuse maison de thé d'origine britannique.
Pour illustrer cet article, je vous propose quelques photos de plantations de thé de la région de Nurawa Eliya (capitale du thé de l’île). Certaines sont prises directement depuis le bus, qui traverse les nombreuses plantations de thés.
Ce que nous ne savions pas, c'est que les Britanniques avaient introduit les premières théières sur l'île (James Taylor en 1867) et fondé ce qui est aujourd'hui l'une des principales industries du Sri Lanka. L'humidité, les températures fraîches, et les précipitations sur les hautes terres centrales du pays, créent un climat propice à la production de thé de haute qualité. La culture du thé, a métamorphosé les montagnes sauvages, en un immense jardin à la française.
Nous nous retrouvons rapidement loin des circuits classiques, et traversons de nombreux petits villages de montagne, avec de belles propriétés, datant de l'époque coloniale britannique.
Le cueillette du thé du Sri Lanka est réalisée exclusivement par des femmes. L’âge minimum légal pour travailler est de 12 ans. Ce dur labeur est réalisé exclusivement par des femmes tamoules que les Anglais avaient fait venir du sud de l’Inde pour pallier le refus des Cinghalais de travailler dans leurs plantations.
Nous pouvons observer à quel point les cueilleuses effectuent un travail de fourmi. Vêtues de "longhis", saris aux couleurs vives, elles vont d'arbustes en arbustes, choisissent avec soin, à la main, les feuilles des théiers, tous les cinq ou sept jours. Elles cueillent uniquement les feuilles poussant au sommet de la plante (les jeunes bourgeons et feuilles tendres), avant des les récolter dans un sac, ou une hotte, disposée dans leur dos, et qu’elles soutiennent avec la tête !
La récolte achevée, les cueilleuses quittent les champs en groupes pour se rendre à la collecte, où chaque panier est pesé, par un contremaître, avec une balance. Ce moment constitue une détente après le travail, et chacun se met à parler, sauf s’il préfère écouter les histoires des autres. Et, bien sûr, si des étrangers, comme nous, se trouvent parmi elles ce jour-là, fait rarissime bien sûr, alors les langues se délient et les rires vont bon train.
Elles gagnent moins de 3€, pour 18/20 kg de feuilles récoltées, quotidiennement. Ce mode de culture harassant n’a pratiquement pas changé depuis plus d’un siècle. Une vie difficile et éprouvante pour un faible salaire. Suivront une dizaines d’heures de flétrissage, puis de roulage pendant 3 heures et enfin de séchage pendant 20 minutes à 110 °C, (prochain article).
Hélas, les conditions de travail des employés des plantations sont loin de s’améliorer avec le temps. Le taux de pauvreté des travailleurs a même tendance à augmenter. Il est passé de 22% à 34% sur le district de Nuwara Eliya de 2002 à 2007. Pourtant, la production de thé dépend étroitement de leur force de travail, le Sri Lanka restant un pays où la cueillette mécanisée n’a pas supplanté la cueillette manuelle.
Le thé est l’industrie qui a créé de véritable richesse, comme : les banques, les compagnies d’assurance, les ports maritimes pour le transport… Il fut la première source de revenus jusqu’à ces 15 ou 20 dernières années. Puis, d’autres industries se sont développées à leur tour, principalement le textile. Mais la subsistance de quatre millions de personnes dépend encore du thé, autrement dit 20 % de la population du pays.
Malgré que l’île a changé de nom, en 1972, pour s'appeler : Sri Lanka, l’appellation Ceylan demeure une marque de réputation mondiale. L’ensemble des plantations sont nationalisées. Néanmoins, la quantité prime souvent sur la qualité. Heureusement, les autorités font marche arrière, 20 ans plus tard, avec une re-privatisation et un retour à la qualité. L’appellation Thé de Ceylan est restée du nom de la colonie anglaise, annexée en 1802 par les sujets de sa Majestée.
Si le thé de Ceylan est majoritairement du thé noir, il existe également du thé vert, produit dans la province de Uva. La demande mondiale pour le thé vert augmentant, il est probable que le pays fasse tout pour réponde à la demande. On y trouve aussi du thé blanc du jardin Handunugoda. En 2013, 340.000 tonnes de thé ont été produites, et exportées à 95%. La France en importe 870 tonnes, la Russie 45.000 tonnes. 10% des emplois du pays en dépendent.
Un voyage au Sri Lanka n’est pas complet, sans découvrir des plantations de thé en terrasse, de la région montagneuse du pays, ainsi qu'une fabrique. Se promener dans les rangées d’arbustes qui dégagent un doux parfum, sous un beau soleil, nous en gardons, moi et ma fille, un agréable souvenir !
Suite : visite d'une fabrique de thé et cueillette.